Thomas Schaffroth

2 avril 1952 - 24 avril 2014

En souvenir de notre compagnon, père, frère et ami

Thomas

 

Bienvenu(e)s dans ce jardin des souvenirs créé pour rendre hommage à Thomas Schaffroth, notre compagnon, père, frère et ami.
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Thomas et Theo

30 avril 2014
Texte de Pierre-Alain Tschudi, original écrit en allemand le lendemain de l'enterrement de Thomas, avec des contributions de Rosita Fibbi et une traduction libre de Charling Tao

 

Thomas Schaffroth a étudié l'histoire à l'Université de Zurich. Il était un membre actif du groupe de travail sur l'histoire du mouvement ouvrier suisse (Limmat Verlag 1975), qui a publie un document important sur "l'organisation et les luttes ouvrieres des debuts de l’industrialisation à nos jours".

La Zurich des années 70 est aussi le lieu où Thomas est confronté avec la réalité de l’immigration en Suisse et les vifs combats politiques de l’époque. Son engagement militant, notamment aux cotés de l’initiative Mitenant, se conjugue avec son métier d’historien et journaliste dans l’ouvrage collectif dont il assure l’édition, Für eine fortschrittliche Ausländerpolitik: ‘Basta’, toujours à la Limmat Verlag.

Il s’engage par ailleurs auprès des travailleurs immigrés et participe au soutien au mouvement polonais Solidarnosc.

En 1982,Thomas rencontre dans une brigade suisse au Nicaragua sa future femme Charling Tao, avec qui il a eu deux filles jumelles en 1986. La brigade a publié une brochure dans laquelle Thomas peut être vu cuisinant pour le groupe, une activité qu'il aimait beaucoup.

Thomas a ensuite travaillé en tant que journaliste, il a passé plusieurs années comme correspondant de la télévision suisse en France, il a vecu quelques années également à Pékin en tant que correspondant pigiste pour plusieurs médias (par exemple BaZ , NZZ , WoZ , tele et radio suisse... ).

C'est à Pékin que les medecins lui confirment qu'il souffre de sclérose en plaques. Il retourne alors avec sa femme et ses deux filles en France d'abord plusieurs années dans la banlieue de Paris, où il a continué à travailler en tant que journaliste.

Quand il ne peut plus marcher, la famille déménage à Marseille, où Thomas a vécu pendant plus de quinze ans, et où il s’est intégré activement dans la vie sociale et culturelle locale, malgré la fatigue de sa maladie.

Il a anime de nombreuses actions avec les militants d'ATD-Quart Monde, dans les quartiers Nord de Marseille. Il a aussi initié ou co-organisé différents événements publics, dont le dernier en octobre 2011: un débat sur l'histoire de la guerre d'Algérie.

L'année dernière, il a chanté dans une création de l’opéra de Copi "El Cachafaz" joué par sa chorale: l’académie du Chant Populaire, et Alain Aubin.
Thomas était un musicien très talentueux, guitariste, violoniste et contrebassiste. mais il ne pouvait plus jouer de la musique depuis plusieurs années. Le chant lui a permis de continuer a etre actif, musicalement.

Thomas Schaffroth s’est beaucoup entretenu avec André Gorz qu’il connaissait bien personnellement et aimait. Lorsque le Rotpunktverlag a décidé de republier en 2008 les premiers travaux d'André Gorz (le Traitre) l'éditeur a demande a Thomas d’ écrire la préface .
Je trouve que la fin du texte que Thomas a écrit sur Gorz, pourrait s’appliquer a lui-même:
" L’impression durable que l'auteur de «Le Traitre» et «lettre a D.», déclenche chez le lecteur attentif, est celle de sympathie. Synpatheia en grec ancien, signifie littéralement " souffrir avec ". Sympathie avec le traître, qui ne peut faire dans la vie ce qu'il voudrait faire, mais fait ce que les autres et l'histoire ont décidé pour lui. Pour éviter ce risque, de nombreux intellectuels s’isolent ou s’adaptent. Gorz a montré avec sa vie une autre voie, celle de la résistance . Et l'essai « Le vieillissement », conclut avec les mots – qu’ il a encore repris dans sa dernière publication , la lettre à D. : " Tu dois accepter d'être enfin : Ici et nulle part ailleurs, d'être capable de faire cela et pas autre chose , maintenant , non seulement ici , tout cela, c'est seulement maintenant ou jamais – tu as seulement cette vie. » (verifier le texte de Gorz en francais)

Thomas a affronte son handicap et les limitations physiques avec cet esprit de résistance humaine pleine de dignité.

L’appartement de Thomas au coeur de Marseille était ouvert à ses nombreuses amies et amis partout dans le monde, jeunes et vieux, toujours . " Venez à Marseille , le climat y est toujours si agréable!" aimait-il dire, même s’ il y avait du vent ou qu'il pleuvait.

Dans son appartement, on parlait à la fois français, italien, allemand, espagnol, anglais, arabe et chinois.

Lundi dernier, la famille, des amis et sa chorale ont entonne les chants révolutionnaires que Thomas aimait, le temps était ensoleillé et le ciel bleu pour lui dire adieu. Ils se sont ensuite retrouves sur le Cours Julien, pour un un verre de rosé sur la terrasse de son "Il Caffe" préféré.
Adresses et numéros de téléphone y ont été échangés. Même après sa mort Thomas rassemble les gens. Nous n'oublierons jamais son humour et son engagement, malgré ses souffrances,.

Lundi dernier, entouré de ses amis ( sa grande famille élargie!)   j'ai pensé à la chanson de Georges Brassens, Les Copains d'abord :

Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il était mort.
Oui, mais jamais, au grand jamais,
Son trou dans l'eau n'se refermait,
Cent ans après, coquin de sort !
Il manquait encore.